Parce que même les idées peuvent coller la nausée
Et c’est reparti pour un tour ! Alors que je croyais le sujet -enfin- plus ou moins clos, Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, a relancé l’idée d’une « détection des troubles du comportement chez l’enfant dés le plus jeune âge, en complément d’un abaissement de la responsabilité pénale à 12 ans, pour faire face à la délinquance des mineurs ». Ce projet date de 2006 suite à un rapport de l’Inserm qui avait fait scandale auprès de nombre de spécialistes de la petite enfance. Concernant la détection des troubles du comportement, monsieur Lefebvre ajoute « On dit qu’il faut le faire dés l’âge de trois ans pour être efficace. » Notons tout d’abord que le porte-parole du gouvernement, ce monsieur Lefebvre déclare « je ne suis pas un spécialiste, donc je ne déterminerai pas à quel âge il faut le faire. » Ouaip. T’es pas un spécialiste, on a bien compris.
Afin de mieux comprendre ce qu’implique le rapport de l’Inserm qui a lancé le débat il y a deux ans, voici deux extraits assez parlant : « Le groupe d’experts recommande d’utiliser le dispositif actuel des bilans de santé et des examens systématiques de la petite enfance, de l’enfance et de l’adolescence pour effectuer un meilleur repérage du trouble des conduites ou de ses facteurs de risque. Il recommande un examen de santé vers 36 mois : à cet âge, on peut faire un premier repérage d’un tempérament difficile, d’une hyperactivité et des premiers symptômes du trouble des conduites. Ce repérage précoce permet de mettre en place une intervention à titre de prévention. Le groupe d’experts recommande d’introduire quelques items adaptés à l’âge dans le cadre des bilans figurant dans le carnet de santé pour repérer les signes précurseurs du trouble des conduites. Ces items peuvent concerner les différents symptômes du trouble des conduites : les agressions physiques (s’est bagarré, a attaqué physiquement, a frappé, a mordu, a donné des coups de pieds) ; l’opposition (refuse d’obéir, n’a pas de remords, ne change pas sa conduite) ; l’hyperactivité (ne peut pas rester en place, remue sans cesse, n’attend pas son tour). » ET "Cette sensibilisation des puéricultrices et des éducateurs (au sens large) favoriserait le repérage des perturbations du comportement dès la crèche et l’école maternelle."
Maman d’une petite fille de trois ans, je m’interroge, je m’inquiète et m’insurge. Demain suffira-t-il que notre enfant sous un stresse quelconque (la naissance d’un bout d’ange par exemple) se mette à pincer ses petits camarade devant une instit un peu bornée (si, si ça existe bien que celle de Petite Perle soit géniale) pour qu’il soit considéré comme ayant des troubles du comportement nécessitant suivi parental, psychologique et social ? Et que dire de toute une partie du document en question qui stigmatise les grossesses précoces (moins de 20 ans) et préconise une surveillance paternaliste mon cul dés la période périnatale ?
Transformer les professionnels de santé et de l’enfant en agents double de la justice « préventive » aurait un effet désastreux. Il est déjà difficile de demander un peu d’aide lorsque l’on se retrouve en difficultés passagères avec son enfant - ce qui peut nous arriver à TOUS - croyez vous que dans ces conditions les mères oseront faire une quelconque démarche ? Ou tout simplement parler à cœur ouvert avec leur médecin de famille ?
Certains ne cessent pas depuis une décennie -au moins- de hurler devant la désagrégation de la famille. Aujourd’hui monsieur Lefebvre et ses amis ne veulent plus seulement remettre en cause notre parentalité, c’est l’idée même d’enfance qu’ils projettent d’assassiner.
Pour signer la pétition c’est ici
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