Je suis femme au foyer et je vous merde !
Depuis des semaines que je délaisse ce blog, les idées de sujets n’ont pas manqué mais pas une fois je n’ai eu le courage de m’assoir devant l’écran et de me mettre à l’ouvrage. Ma fille -Micropépette- est née le 26 février après une fin de grossesse difficile et avant des suites non moins ardues -tiens il faudrait que je vous en parle une de ces jours-. Depuis quelque temps j’ai envi de faire mon grand retour sur ce blog et je vais profiter d’une petite anecdote pour faire une piqure de rappel sur mon statut de femme-au-foyer-même-pas-en-congé-parental
Un événement -anodin- me pousse donc aujourd'hui à sortir de mon silence. J'ai reçu une petite pique, une insulte un peu masquée, un peu blessante. Les propos en question n'ont pas vraiment d'importances mais lorsque je me plaignais à une connaissance voilà ce qu'on m'a rétorqué : « Tu cherches aussi ! T'as qu'à dire que t'es en congé parentale pour 3 ans... Personne n'a besoin de savoir que t'es à la maison depuis la naissance de ta première. Ou dis que tu cherches du boulot, ce sera plus simple ! »
Et voilà. Ce serait à moi de cacher ce que je suis pour ne pas agresser les autres, ceux qui sont criblés de préjugés et de mépris. Comme si je commettais chaque jour quelque malhonnêteté honteuse. Comme si mon choix était une provocation. Je suis femme au foyer. Pour l'administration et les sondages, je n'existe pas. Et j'en viens à éclater de reconnaissance lorsque que j'ai l'honneur d'avoir une case à cocher, une catégorie -parent au foyer- dans laquelle je peux me reconnaître. Je suis femme au foyer. Pas en congé parentale. Pas au chômage. Une femme au foyer. Et on me conseille de mentir pour avoir la paix.
Mais je ne veux pas mentir. Comme je ne veux rien revendiquer. Je suis une femme au foyer. Ni une sous-citoyenne, ni une militante. Je ne vole rien à personne, et je ne reproche rien aux autres. Je ne devrais pas avoir à me justifier ni à me battre. Quand j'ai une femme en face de moi, je me fous de son activité professionnelle, je me fous de la case qu'elle coche dans les formulaires. Ou de combien d'enfants elle a, et à quel âge elle les a eu. Je voudrais qu'on se foute que je sois mère au foyer. Comme je voudrais que la maman qui a une belle carrière cesse d'entendre les reproches muets, les condamnations médiocres lorsqu'elle parle de ses soirées passées au bureau. Comme je voudrais ne plus être témoin de toutes ces banalité affligeantes, ces phrases jetées comme des camouflets, sur nos choix de vie dés qu'un bout de notre orteil dépasse la limite de leur normalité... Dés que l'on choisi de faire un môme avant 25 ans, ou après 35. Dés que l'on ne veut qu'un seul enfant, ou plus de deux. Dés que l'on travaille trop ou pas assez. Dés que l'on se refuse à allaiter ou que l'on donne le sein plus de six mois. Dés qu'on trouve notre bonheur où autrui ne le voit pas.
Alors je ne mentirais pas même si je ne suis pas militante. Le temps et le courage me manque pour tenter de changer la société et pour porter les grandes causes féministes. Mais je ne mentirais pas. Parce que je suis moi aussi une femme et que mentir ce serait nier ce qu'est la Femme : une richesse, une diversité, et une volonté de gagner et de garder une liberté merveilleuse : celle de choisir individuellement quelle femme on veux être.