Cachez ces larmes que je ne saurais voir...
Comme je l'ai évoqué très rapidement dans l'article précédent, je viens d'avoir un enfant. Mon troisième donc. Après Fléau de Dieu et Catchours
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, j'ai donc mis bas donné naissance à une Micropépette. Je passerai sur la grossesse qui aura ressemblé à une gastro géante -perte post accouchement de 14 kg par rapport au poids d'avant- et à l'accouchement plutôt chouette -que quand même ça fait mal putain de merde-. Ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est l'après. Pour mes deux premiers enfants j'ai vécu ce que, à l'instar de tous les magasines débiles qui peuplent les salles d'attente du gynéco, nous appellerons le baby-blues. Bouleversement hormonale quelques jours après l'accouchement qui se traduit chez moi par 24h de larmes. Je ne m'attendais donc pas à vivre autre chose que ça et j'attendais avec impatience d'être débarrasser de cette petite déprime.
Sauf que rien ne s'est passé comme je m'y attendais. La déprime a pointé le bout de son nez de morue une semaine après la naissance puis elle a décidé de rester bouffer. Et finalement de squatter le canapé. Les jours se sont enchaînés et ça ne s'est pas arrangé. Crises de larmes et d'angoisse se sont tenus la main avec l'impression d'être une mauvaise mère et que j'avais commis une grave erreur en me pensant capable de gérer trois enfants de moins de six ans. Je me suis rendue compte que j'avais honte de me sentir si mal. Pourtant je milite depuis longtemps pour qu'enfin les problèmes psy -comme la dépression- soient enfin considérés comme des maladies. Ni plus, ni moins. Qu'enfin on trouve normal d'aller voir un psychologue quand on en a besoin, parce qu'on trouverait débile de ne pas aller chez le dentiste -brrr je hais le dentiste- si on a mal aux dents et que finalement c'est pareil. Bref j'étais plutôt ouverte sur la question. Et concernée puisque j'ai fait un séjour en clinique psy lorsque j'avais quinze ans.
Malgré tout j'ai eu honte. Puis j'en ai parlé à mes proches et j'ai fait la démarche d'aller voir une psychologue.
Début de dépression post-partum.
Je sais qu'il va falloir un peu de temps pour aller vraiment mieux mais je sais aussi que j'ai beaucoup de chance. Je suis entourée par des gens intelligents qui me soutiennent et comprennent à peu près la situation. Alors je me questionne. Comment font les autres ? Celles qui n'en parlent pas ou que l'on entend pas. Celles pour qui la honte et plus forte que leur confiance aux autres -et parfois à raison-. Chaque jour on nous submerge d'images de femmes épanouies par la grossesse et la maternité, des femmes qui n'ont pas le droit d'aller mal, pas le droit d'être en souffrance. Alors que c'est une question de santé publique que la souffrance des mères, on répare, on colmate mais on ne prévient pas. L'isolement moral et parfois physique des mères de famille ne préoccupe pas les politiques mais une maman qui plonge et c'est toute la famille qui est en danger. Alors parlons-en. Parlons de la dépression post-partum et osons dire qu'on peut haïr la grossesse. Osons admettre qu'un accouchement peut parfois être un traumatisme grave, qu'on peut être épuisée, fatiguée et ne plus supporter ses enfants. Osons reconnaître que ces douleurs existent parce que dire c'est déjà guérir un peu.
1 – Surnom fait de la contraction de « Catcheur » exprimant le côté brute épaisse du môme et de « Nounours » pour son côté très câlin genre – quand tu glandes dans le canapé- à te poser les pieds sur les genoux et attendre, véridique, que tu lui masses les petons. Mais bien sûr...